dimanche 15 août 2010

Chatroom




Hideo Nakata n’est pas un réalisateur exceptionnel, c’est un cinéaste un peu complexé qui n’a jamais réussi à se détacher de son admiration pour le cinéma de Kiyoshi Kurosawa. C’est un habile faiseur d’images, chose qui a pendant un temps trompé la critique occidentale. En réalité c’est un réalisateur de série B comme il en existe des dizaines au japon. Partant de ce constat, il ne peut décevoir et il a cet avantage de pouvoir nous surprendre. Cela a été le cas pour Dark Water, à ce jour son chef d’œuvre, et dans une moindre mesure dans son propre remake américain de Ring 2.
Chatroom se situe à la croisée des chemins du cinéma de Nakata. C’est disons-le, son film raté le plus réussi. Il faut dire que le matériel de base ne l’a pas aidé, adapté d’une pièce de théâtre d’Enda Walsh, scénariste de Hunger, l’histoire n’a rien d’extraodinaire. Un jeune garçon à moitié ignoré par ses parents se réfugie dans sa chambre pour se connecter a un réseau social « Chatroom ». Ce réseau se compose d’autant de chambres qu’il y a d’individu connecté. Chaque chambre est une projection de la personnalité réelle ou fantasmé de l’internaute et chacun est libre d’inviter qui bon lui semble.
Le garçon sans qualité se fabrique alors une identité de leader charismatique et manquera pas d’attirer vers lui une bande d’adolescent tous plus ou moins névrosés qu’il manipulera à sa guise. Si on sent bien au niveau du scénariste une tentation de réactualiser pour la génération Internet le Huit-Clos de Jean-Paul Sartre, Nakata évite les réflexions métaphysiques et traite le scénario sous l’angle du thriller de série B.
Plutôt une bonne chose finalement car le parti pris du scénariste semble considérer Les Adolescents comme une bande de cerveaux lents incapables de faire autre chose que de rester devant un ordinateur. Une vision fausse et aigrie qui a du mal à saisir une jeunesse très à l’aise avec les moyens de communication que l’on lui impose. Le scénariste à peur de la jeunesse alors que Nakata souligne sa capacité d’adaptation et d’imagination. Nakata lutte contre son scénariste comme William le fait avec Jim. Cela reflète finalement deux cultures différente, et rends ce film assez plaisant. Il y a une vraie discussion entre le réalisateur (japonais) et le scénariste (irlandais). Le réalisateur perverti le scénario par sa mise en scène et évite le manichéisme d’une bonne réalité s’opposant aux intrigues du monde virtuel.
Nulle opposition, dans sa mise en scène, Hideo Nakata brouille les repères. Pour le scénariste, il y a une frontière a ne pas dépasser, pour le réalisateur la chose est plus complexe. La frontière est tellement mince entre réalité, imagination et univers virtuels qu’il est même tout à fait certain que la réalité n’existe pas. Le dernier plan aurait, certes, pu être évité puisque durant tout le film la mise en scène de Nakata brouille l’idée de monde séparé. Le casting acteurs américains et anglais réalisateur japonais, scénariste irlandais. Nous sommes en Angleterre, mais impossible de savoir ou. Semblant respecter le scénario il trace une ligne entre la réalité et le monde virtuel pour la faire voler en éclats juste avant le fin du film. Il n’y a qu’un monde, celui de la fiction. Nakata évite le krach total grâce son savoir faire. Mais Chatroom ne bouleversera sans doute pas les adeptes de science fiction et de fantastique qui lui préférons avec raison Kairo ou Ghost In The Shell. Mais le cinéma serait bien triste si il n’y avait pas de place pour des petits films comme Chatroom qui avec une certaine modestie fait aussi bien qu’un blockbuster dit « intelligent » comme Inception.

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