mercredi 10 novembre 2010

Sans Concession















C'est un peu la Horde Sauvage, Pierre Carles et ses amis reviennent une dernière fois affronter les chiens de gardes de l'idéologie capitaliste. Plus que ces autres films, Fin de Concession est une oeuvre collective.

L’idée de départ était apparemment de “se faire TF1” et de réaliser un remake de Pas Vu Pas Pris. Mais les molosses ont beaucoup appris en quinze ans et Pierre Carles a accedé à une notoriété dans les coulisses du spectacle. C’est sans doute parce que Pierre Carles est devenue une star du milieu que le projet a évolué (comme souvent, les documentaires de Carles sont toujours work in progress).

En lieu et place d’un pamphlet contre TF1 et le pouvoir politique, Fin de Concession est un portrait d’une bande d’amis, dont Pierre Méréjkowsky, qui osent encore faire du cinéma dans la marge. Qui se battent pour vivre comme bon leur semble en faisant ce qu’ils aiment sans faire de concession et si possible avec l’arme de la subversion du rire. Un cinéma itinérant, projeté dans les cafés, les squatts ou les universités, un cinéma do it yourself qui n’attend pas les subventions et qu’il est de plus en plus difficile de voir dans les salles de cinéma. Si Carles est devenu le chef de file de cet esprit, c’est toute l’équipe qui sévissait chez Zaléa TV que l’on retrouve avec une certaine émotion.

Mais Fin de Concession c’est aussi une déclaration d’amour à la chose politique, un cinéma militant sans étiquette rendant hommage aux journalistes et aux intellectuels de combat. Un combat pour la liberté qui tenait à coeur à Pierre Bourdieu et que son élève Loïc Wacquant ainsi que les journalistes du Monde Diplomatique perpétuent avec joie.

Il est amusant de voir face à ces joyeux lurons, les représentants du pouvoir médiatique, journalistes célèbres ou gens fortunés qui se retrouvent pieds et mains liés à leur situation, par contrat ou par statut social. Comme le dit Noël Godin camarade de fête de Pierre Carles, mais absent du film “si l’on est pas subversif, on est un paillasson”. Alors que tout le cirque médiatique pousse les citoyens à la fascination pour le pouvoir, la célébrité et l’argent, panthéon du bonheur, Fin de Concession laisse penser que ces fantasmes sont bien plus destructeurs qu’une vie simple. Le véritable bonheur c’est d’avoir la liberté de se réaliser sans entraves. En sortant du film, il est tentant de rejoindre la bande à Carles et fuir le monde médiatique et nos semblables que la célébrité et l’argent attirent. 

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